Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 09:25
Parcourir des milliers de kilomètres,
braver les mers et les tempêtes,
la migration saisonnière des oiseaux européens
avait déjà son compte de difficultés.
Mais le changement climatique
lance aux migrateurs un nouveau défi :
l’adaptabilité.

Une relation entre le déclin de certaines populations
d’oiseaux migrateurs et leur capacité de réponse
au changement du climat est aujourd’hui établie.


Le « calendrier » des ressources

L’impact du changement climatique sur les êtres vivants semble évident mais reste un phénomène difficile à démontrer. Mis en perspective avec d’autres facteurs, comme la modification des habitats ou la pollution, l’effet « climat » reste souvent sourd.
Néanmoins, depuis une étude statistique conduite sur 1 700 espèces végétales et animales, publiée dans la revue Nature en 2003, il est admis que le changement climatique est responsable de modifications dans la biologie et le comportement.
Outre un décalage vers le nord des aires de répartition, on note également que 62 % des espèces ont tendance à avancer leur période de reproduction, en moyenne de 2 à 3 jours par décade.
On comprend dès lors l’importance de cette donnée sur les oiseaux migrateurs. Pour assurer la survie des jeunes, leur date d’arrivée sur les sites de nidification doit correspondre au pic de nourriture, et notamment quand les insectes sont abondants.
Le cas du Gobe-mouches noir est édifiant à cet égard. Cette espèce n’ayant pas modifié ses dates de migration, on observe, aux Pays-Bas, une disparition de 90 % de la population causée par cette désynchronisation avec la période d’éclosion des chenilles, leur principale source d’alimentation.

Plasticité ou déclin

Des réponses aux modifications du climat, et donc au « calendrier » des ressources, ont déjà été observées partout en Europe.
En Allemagne, des études ont montré que sur 28 espèces migratrices, 19 d’entre elles ont différé leur départ de 5 à 6 jours.
En Angleterre, dans l’Oxfordshire, pour 20 espèces, 17 arrivent en moyenne 8 jours plus tôt (suivi réalisé entre 1971 et 2000).
Plus exceptionnel encore, en 2006, des observateurs de la LPO ont noté la présence de l’Hirondelle rustique en plein mois de décembre.
Au côté de ce décalage de date, le réchauffement climatique peut aussi avoir pour effet la sédentarisation, comme celle observée chez la Fauvette à tête noire, le Pouillot véloce, et même la Cigogne blanche.

Les mécanismes qui contrôlent la migration, qu’ils soient liés aux conditions environnementales, à la température ou aux hormones, sont complexes, et semblent être propres à chaque espèce.
Ainsi, si des populations d’oiseaux sont capables de s’adapter rapidement, de faire preuve de plasticité, d’autres groupes n’ont pas modifié leur comportement migratoire.
Photo ci-contre - Il existe une très forte hétérogénéité dans le comportement des espèces migratrices, et si certaines ont très bien su répondre aux changements, on pense notamment au Grand cormoran ou au Pigeon ramier, d’autres, comme la cigogne noire (photo ci-contre), pourraient bien voir leur situation s’aggraver par manque d’adaptabilité.
Une étude, publiée cette semaine par une équipe de chercheurs européens, dont Anders Moller de l’Université Paris 6, a analysé la situation de 100 espèces d’oiseaux.
Toutes n’ont pas décalé leur période de migration. Les scientifiques ont montré que les espèces qui ont connu un déclin de leur effectif entre 1990 et 2000 étaient celles qui n’avaient pas avancé leur date d’arrivée sur le site de reproduction. C’est le cas par exemple du Bruant ortolan ou du Vanneau huppé dont les populations sont en très nette régression.

Un second point soulevé par cette étude est que le risque pourrait être accru pour les espèces au long cours. Des travaux précédents avaient déjà montré que les changements de date sont plus fréquents chez les oiseaux qui migrent sur les courtes distances, inter-Europe comme, par exemple, le Pinson des arbres.
Il semblerait que la relation qui existe entre les conditions climatiques sur le site d’hivernage et celles sur le site de reproduction permet aux espèces de mieux ajuster leurs dates de départ.
Plus les sites sont éloignés, moins les variations climatiques qu’ils connaissent sont corrélées, et une augmentation saisonnière des températures en Afrique ne correspond pas forcément à un radoucissement en Europe.

Elisabeth Leciak
Photo © Gérard Jadoul-Solon/WWF Belgique


SOURCE : http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3429
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Loukoum
  • : Tout ce qui touche de près ou de loin à : écologie, protection des animaux et de la planète, végétarisme, véganisme, recyclage, vivre autrement...
  • Contact

Recherche