"L’homme qui exploite et utilise la nature, que ce soit pour ses loisirs ou son profit économique,
n’entend pas vivre en bonne intelligence avec la faune sauvage qui le dérange et le gène" Jean-Claude Génot
Selon Charles-Henri de Ponchalon, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), environ 40 000 cerfs seront tués pour la
saison 2005/06 contre à peine plus de 5 000 il y a 30 ans. En forêt domaniale de Sénart (Essonne), aucun sanglier ne figurait au "table de chasse" de 1994,
tandis que 14 furent tués en 1995 et 800 en 2004 : l’agrainage (action d’appâter avec du grain) des animaux
sauvages a contribué au déséquilibre, tout comme l’élevage de cochongliers, ces hybrides de cochons et de sangliers qui se reproduisent plus vite. Les sangliers proviennent majoritairement
d’élevages basés dans les pays d’Europe de l’Est, puis sont importés en France et "lâchés" dans la "nature" ou concessions de chasse.
Le nombre croissant d’espèces chassées s’explique par une importation et un élevage massifs de "gibiers" qui seront ensuite
"lâchés" pour la saison de la chasse. Ces chiffres contredisent les discours mensongers des chasseurs sur leur prétendu rôle de "préleveurs" et "régulateurs" de la faune sauvage dans nos
campagnes.
La chasse en Forêt de Sénart
|
Plus de 8 000 élevages de gibiers sont actuellement en activité en France, tandis que 80% du "gibier français"
est importé, principalement en provenance des pays d’Europe de l’Est.
La France offre une superficie de chasse de 42,70 millions d’hectares ; en comparaison à 32,09 pour l’Allemagne et 22,8 pour le
Royaume-Uni.
Chaque année, 250 millions de cartouches sont tirées en France, générant 3 000 tonnes de cartouches usagées.
Le nombre d’espèces chassées est en France de 23 espèces de mammifères et 64 espèces d’oiseaux. En comparaison, en Allemagne, on
descend à 12 espèces de mammifères et 17 espèces d’oiseaux et le Royaume-Uni de 10 espèces de mammifères et 31 espèces d’oiseaux.
Il y a 1 400 000 chasseurs en France ; en comparaison à 326 000 chasseurs en Allemagne et 625 000 chasseurs au Royaume-Uni. Le
nombre de chasseurs français décroît de 5% par an. Cette baisse constante se traduit par une perte de 40% des effectifs en 20 ans. Les femmes représentent aujourd’hui 6% des
chasseurs.
Malgré l’opposition toujours croissante du grand public majoritairement non-chasseur, des dizaines de millions de renards, lièvres,
cerfs, blaireaux, sangliers, etc sont massivement tués chaque année en France (une moyenne qui tourne entre 30 et 50 millions). Ce "sport" est présenté comme une forme de contrôle de "nuisibles",
sauf qu’en vérité, cette chasse a peu d’effet sur ces populations. En outre, si les renards et des lièvres sont considérés "nuisibles", il est difficile de comprendre pourquoi sont-ils protégés
spécifiquement pour la chasse.
Non, tous les (anciens) chasseurs ne sont pas des cons. La preuve ? Association des repentis de la chasse : 05 rue de la
paix, 38000 Grenoble.
Les chiffres sur l’élevage du gibier en France
Comme chacun le sait, tirer sur un gibier d’élevage lâché dans la nature : ca, c’est un sport ... naturel, respectueux de l’environnement, ancestral et indispensable pour
réguler le trop pleins d’animaux sauvages qui pullulent dans nos belles campagnes, dixit les chasseurs.
Voici les chiffres officiels sur l’élevage du gibier en France :
+ de 8 000 élevages de gibiers sont actuellement en activité en France, dont près de 70% adhèrent au syndicat national des producteurs
de gibier de chasse. Ils se décomposent en :
7 200 élevages de petits gibiers produisant :
14 millions de faisans
5 millions de perdrix grises et rouges
1 million de canards colverts
+ de 10 millions d’œufs (toutes espèces confondues) et de poussins de 1 jour à destination de l’export (principalement RU et Espagne).
120 000 de lièvres
100 000 de lapins de garenne
500 à 550 élevage de cerfs produisant 10 000 animaux.
Environ 700 élevages de daims produisant 7 000 animaux.
Cette activité représente environ 10 000 emplois pour un chiffre d’affaire annuel d’environ 150 millions d’euros.
Pour en savoir plus, lisez le numéro 4 du magazine Echo Nature.
Forêt domaniale de Sénart
|
Crédit Photos : Un grand merci à Monsieur et Madame Lacroix de l’Association de Défense de l’Environnement de
Champrosay.
Réflexion de fond sur le respect de la nature et de sa faune sauvage
"Les anthropocentristes cherchent souvent à piéger les défenseurs de la faune sauvage en leur demandant de choisir entre l’homme et
l’animal. Outre le fait qu’il n’y a pas à accepter cette logique d’opposition, chère à ceux qui ne conçoivent la nature que comme un lieu de compétition et qui entendent séparer l’homme de
la nature, les cas où la survie d’une population humaine est liée à celle d’une espèce animale rare sont théoriques et s’il devait y avoir un affrontement entre un homme et un animal, l’homme
n’oublierait pas qu’il est une espèce comme les autres, cherchant à survivre et à se défendre. Même si la cause d’une espèce est plus facile à plaider que celle d’un écosystème, il ne faut pas
oublier que l’espèce n’est rien sans la population et son habitat. Enfin, on ne peut protéger efficacement que ce que l’on connaît bien."
Texte extrait du livre "Écologiquement
correct ou protection contre nature ?" de Jean-Claude Génot (Édition Édisud, 1998).