La Côte d’Ivoire se mobilise pour sauvegarder la forêt
et ses singes contre un projet de plantation industrielle
pour la fabrication d’huile de palme.
Premier pays producteur au sein de l’Union économique
et monétaire ouest-France,
l’engouement pour la protection de la biodiversité
est pour le moins inédite contre une industrie
qui contribue pour plus de 50 milliards de FCFA
au Produit Intérieur Brut.
Débats et mobilisation autour
du projet Palmci
La mobilisation qui prend place en Cote d’Ivoire actuellement est inédite face au
dernier projet de la société Palmci. Dans un environnement fragilisé par le recul de la biodiversité, la première société ivoirienne de transformation d’huile de palme, envisage la création de
près de 8 000 hectares de plantations agro-industrielles. Ce projet engloutirait pas moins de 75 % de la superficie de la forêt affirme l’AFP. « La création plantations de palmiers à huile,
en plus de causer la déforestation et la perte de la biodiversité, provoque d’énormes émissions de gaz à effets de serre », explique l’écologue André Djaha Koffi.
En face, les arguments économiques vont bon train. Ce projet permettra de «
construire des infrastructures et va générer des revenus aux planteurs » étaye M. Tano, directeur de Palmci. La société dispose même d’un responsable développement durable qui en ajoute
une couche « nous sommes pour le développement durable qui prend en compte la préservation de l’environnement pour les générations futures », explique Frank
Eba.
Insuffisant pour rassurer les responsables du Programme de recherche et d’actions
pour la sauvegarde des primates de Côte d’Ivoire. Ils ont décidé de poursuivre leur campagne de sensibilisation afin d’obtenir pour cette forêt, le statut de « réserve naturelle
‘volontaire’ gérée par les populations ».
300 000 hectares de forêt en
moins chaque année
La forêt ivoirienne, a perdu plus de la moitié de son couvert végétal, ramenant les
16 millions d’hectares en 1960 de forêts, à 6 millions aujourd’hui. Cette perte annuelle d’environ 300 000 hectares de forêt est due à une « exploitation abusive » des industriels. Les
pertes occasionnées proviennent essentiellement de choix de politiques économiques favorisant le déclassement des forêts protégées pour d’une part, la réalisation de plantations
agro-industrielles extensives, et d’autre part, l’exploitation du bois pour la production de charbon ou le commerce des essences précieuses.
Recul irréversible de la
biodiversité
La destruction de ces forêts entraine des pertes graves pour la biodiversité et
engendre, non seulement, une disparition des plantes alimentaires de cueillette, de plantes médicinales mais aussi des animaux. Parmi les éléments de la biodiversité les plus menacés sur ce
bloc forestier non protégé de 12 000 hectares, trois espèces de primates figurant sur la liste rouge des singes les plus menacés dans le monde, établi par l’Union internationale de conservation
de la nature.
De plus, cette forêt « joue un rôle écologique irremplaçable en terme d’absorption
du carbone atmosphérique et de régulation du climat », explique le Dr Koné, coordinateur d’un programme de recherche et actions pour la sauvegarde des primates de Côte d’Ivoire. «
L’exploitation agricole de cette forêt équivaudrait à l’explosion d’une ‘bombe à carbone’ », prévient M. Djaha Koffi.
Lire auss i:
- Les forêts plantées créatrices de millions d’emplois
verts dans le monde
- Parrainer un arbre : une solution pour reboiser les
forêts
- Déforestation tropicale : les chiffres, sans
langue de bois (1er partie)
- Déforestation tropicale : les chiffres, sans
langue de bois (2ème partie)
Mots Clefs : biodiversité, exploitation agricole,
Palmci, émissions de gaz à effet
de serre, forêt, protection de
l'environnement, développement durable, plantations agro-industrielles, exploitation abusive, huile de palme,
singes, plantes médicinales, Côte d'ivoire