La grosse tendance du moment est au Do It Yourself : nous faisons nos yaourts maison, nous préparons notre pain, nous élaborons nos produits ménagers et d’hygiène, nous cousons et tricotons nos vêtements. Et si nous franchissions encore un échelon ? Aujourd’hui, je vous propose de produire vous-même votre miel. Oui, vous lisez bien, du miel.
Heu… du miel… avec les abeilles qui vont avec… ?? Et tout ça chez moi, dans mon jardin ??
Oui, c’est possible. C’est ce que vont nous raconter Charles et Josiane, deux quinquagénaires profondément amoureux et soucieux de la nature.
Ecolo Info : Comment vous est venue l’idée de mettre une ruche dans votre jardin ?
Pour moi (Charles) l’idée d’avoir des abeilles remonte à plus de 30 ans. Enfants ces petites bêtes me fascinaient aussi et je me rappelle que j’avais au CM1 un instituteur apiculteur. A la fin de l’année scolaire, il nous avait quelque peu enseigné la biologie des abeilles et nous avions même fait quelques travaux pratiques. Tout cela m’avait bien plu. Vers la fin de l’adolescence (17/18 ans), je me suis mis à lire des livres d’apiculture et à me renseigner d’une manière théorique sur la vie des abeilles.
Au fil des ans (et des décennies) l’idée d’avoir un jour une ruche ne s’est jamais éteinte.
Avec Josiane nous en parlions de temps en temps (et de plus en plus souvent). Elle était sensible également aux gros problèmes que rencontrent ces pauvres insectes, n’en avait aucune appréhension et adore un jardin vivant. Tout ceci a été certainement un facteur déclenchant du passage à l’acte, le souci d’avoir également une bonne pollinisation de nos fruitiers et pour finir ce fut un magnifique cadeau de Noël de la part de ma tendre épouse.
Ecolo Info : Quelles étaient vos connaissances en apiculture ?
L’apiculture, c’est pas évident lorsqu’on débute !!! Il faut lire des livres sur le sujet en premier. L’idéal c’est d’avoir un apiculteur à proximité et qu’il accepte de TOUT montrer et de TOUT expliquer. Attention c’est vaste et ça prend du temps. Sinon il y a des ruchers-écoles dans chaque département. Dans les Landes c’est à St Paul les Dax, c’est ouvert à tous et ça coute 15€/an. Les cours (une dizaine), ont lieu le samedi après-midi.
Ecolo Info : Vous l’avez trouvée où votre ruche ?
Nous avons acheté une ruche complète peuplée (c’est-à-dire avec une colonie d’abeilles et bien sûr leur reine) chez l’apiculteur du rucher-école de St Paul les Dax. Comment avons-nous fait le transport ? Et bien dans le coffre de notre Clio. Le 20 mars, après le cours d’apiculture, nous avons attendu la tombée de la nuit pour que toutes les abeilles soient de retour. L’apiculteur a fermé l’entrée de la ruche avec une grille, a sanglé l’ensemble et voilà, dans le coffre. Le lendemain nous avons enlevé la grille et les abeilles se sont habituées de suite à leur nouvel environnement.
Ecolo Info : Ça coûte cher une ruche ?
Une ruche complète peuplée coûte dans les 160€. Complète, c’est-à-dire avec un plateau, un corps avec 10 cadres, une hausse avec 10 cadres, un nourrisseur, un toit. Sinon tout peut s’acheter séparément. Il existe des VPCistes de matériel apicole, des magasins comme API distribution à Bordeaux, des fabricants locaux de ruches…Il y a aussi des apiculteurs qui vendent des essaims (de 80€ à 110€ sans la ruche). Sinon il y a aussi la méthode super économique, celle qui consiste à fabriquer une ruche. Mais il faut respecter des côtes précises suivant le type de ruche choisi. Il en existe plein (Dadant, Langstroth, Warré…). Mettre de « l’attire abeille » dans la ruche et attendre qu’un essaim arrive naturellement.
Ecolo Info : Ce n’est pas dangereux une ruche ?
Il est préférable de ne pas être allergique aux piqures d’abeilles ! Car tout bon apiculteur se fait régulièrement piquer (6 fois pour Charles, 0 pour Josiane). Malgré les protections, il y a des risques certains de piqures. Les abeilles arrivant par le devant, il ne faut pas s’y trouver. Il est possible de les regarder sans protection, sur le côté à 2m. A 4 m pratiquement plus aucun risque. Notre ruche est sur un talus, nous déjeunons régulièrement en dessous à environ 5m et sans problème. De toute manière une piqure d’abeille, effectivement ça fait assez mal quelques minutes, puis quelques démangeaisons pendant 2 jours mais le venin d’abeille serait bon pour combattre notamment les rhumatismes. L’apithérapie c’est du sérieux !
Ecolo Info : Y a-t-il des soins à prodiguer aux abeilles ?
Soupeser la ruche régulièrement, surtout en hiver et au printemps. Faire une visite complète en fin d’hiver. Puis au printemps, il faut faire un suivi régulier, rajouter la hausse, mettre la trappe à pollen si on veut en récolter, surveiller l’essaimage, surveiller les parasites, mettre des pièges à frelons…
Ecolo Info : Vos abeilles se nourrissent où ?
Les abeilles butinent les fleurs. Elles y récoltent nectar et pollen. Elles récoltent également le miellat sur les feuilles de certains arbres. En hiver et au printemps, si la ruche est légère lorsqu’on la soupèse, il est parfois nécessaire de les nourrir avec du sirop (sucre+eau) car elles n’ont plus de réserve de miel et peuvent mourir de faim.
Ecolo Info : Vous avez installé votre ruche à un endroit particulier de votre jardin ?
L’orientation est importante. Ouverture à l’Est ou Sud/Est. Au soleil en hiver et à l’ombre en été. Il faut qu’il y est une haie ou clôture de 2 m minimum par rapport aux voisins. Chez nous, elle se trouve au fond du jardin, orienté au SE, sous un chêne.
Ecolo Info : Vous avez produit quel type de miel ?
C’est du miel de printemps toutes fleurs. Il y a beaucoup d’acacias à proximité de chez nous mais comme il a fait mauvais, peu de miel de cet arbre cette année.
L’heure de la récolte !
“Sur la table, la bassine en alu sert de bac à désoperculer. Il s’agit d’enlever l’opercule qui ferme l’alvéole remplie de miel. Cette opération s’effectue avec un couteau spécial et très coupant.A gauche sur la table, le casier brun est rempli de cadres où se trouve le miel à récolter. Ce casier, appelé « hausse » se trouvait sur le corps de la ruche. Les abeilles l’ont rempli pendant la floraison des acacias. La bassine en cuivre sur le gaz est remplie d’eau afin de réchauffer les couteaux à désoperculer.
Le cylindre en inox à gauche, c’est l’extracteur, une sorte de grosse essoreuse à salade dans laquelle nous mettons les cadres désoperculés et nous tournons, tournons, tournons.
Avec la force centrifuge le miel sort des alvéoles, tombe au fond de la machine infernale, passe dans un tamis et coule tout en bas dans un autre bac appelé « maturateur ». Là le miel va rester quelques jours pour se décanter et se reposer de toutes ces péripéties.
Ensuite viendra le moment de le mettre en bocaux et ENFIN le déguster. Dieu qu’il est bon, c’est notre premier, c’est toujours le meilleur !”
Ecolo Info : Un dernier mot pour achever de convaincre nos lecteurs ?
Pollen !
Que c’est bon le pollen frais ! Rien a voir avec le séché acheté en bocaux. Le frais est introuvable en magasin car il ne se conserve pas longtemps, seulement quelques jours au réfrigérateur. Par contre il se congèle très bien.
Récolte du pollen d’une seule journée ! Impressionnant !
Alors, prêt pour vous lancer dans l’apiculture ? Surtout, n’oubliez pas de nous raconter !
++ Pour aller plus loin ++